Le Dragon

Le chevalier Lancelot arrive dans une petite ville qui depuis des siècles est sous l’emprise d’un terrible dragon. Il décide de délivrer la ville du despote, non sans se heurter aux villageois qu’un long asservissement a transformés en de dociles sujets. Lancelot réussira dans son entreprise, mais une fois la bête morte, le pouvoir sera récupérépar le bourgmestre et son fils. Lancelot aura-t-il vraiment gagné son pari? Et si l’oppresseur n’était pas tant le dragon que l’homme lui-même capable de toutes les tyrannies?Un univers drôle, poétique, décalé, qui, par le biais de la parabole, dénonce toutes les formes d’autoritarismes. Avec Le Dragon, l’enjeu est donc double : raconter une histoire écrite comme un conte de fées, et de parler de thèmes essentiels comme la peur, l’asservissement, la tyrannie et le dépassement de soi.

Il était une fois

En découvrant Le Dragon d’Evgueni Schwartz, Néry, artiste issu de la scène musicale française et du cinéma d’animation, s’est mis en tête de mettre en scène le texte de cet auteur russe de la première moitié du XXe siècle.

Peu monté en France, cet écrivain, interdit sous Staline, nous convie dans un monde féérique, un monde à l’imaginaire délirant, un monde où les chats parlent avec les ânes, où les princesses courent des dangers terribles et où les héros à la verve chevaleresque tuent des dragons à trois têtes. Un monde à la fois drôle, hallucinant, décalé mais aussi sombre et visionnaire. Car cet univers fantasmagorique est l’occasion pour Schwartz de dénoncer les pires dictatures.

En portant à la scène le Dragon, l’enjeu est clair : recréer une histoire écrite comme un conte de fées tout en évoquant des thèmes comme l’asservissement, la peur, la tyrannie et le dépassement de soi.

A une époque où la place du pouvoir est un enjeu central dans toutes les sphères de la société et au sein même des relations entre les individus, les questions soulevées par le Dragon semblent des plus actuelles.

Une Fable

Le chevalier Lancelot arrive dans une petite ville qui depuis des siècles est sous l’emprise d’un terrible dragon. Pour asseoir son pouvoir et sa domination, le monstre exige chaque année des habitants un lourd tribut, dont une jeune fille en sacrifice.

En bon héros qui se respecte, Lancelot décide de délivrer la ville du despote et de sauver la belle demoiselle, non sans se heurter aux villageois qu’un long asservissement a transformés en de dociles sujets. Par sa foi et sa détermination, Lancelot réussira dans son entreprise, mais une fois la bête morte, le pouvoir sera récupéré par le bourgmestre et son fils.

Lancelot aura-t-il vraiment gagné son pari? Et si l’oppresseur n’était pas tant le dragon que l’homme lui-même capable de toutes les tyrannies?

Il était une nouvelles fois

Note d’intention et de mise en scène

Comme un adulte replongeant dans une histoire qu’on lui lisait et relisait enfant …

Mon parcours de montreur d’histoires et de technicien est jalonné de rencontres et d’expériences qui m’ont conduit à tantôt poser mes malles dans des ateliers de cinéma où j’étudiais l’art du film d’animation, tantôt dans la rue où, m’essayant à la chanson, je goûtais aux joies brutes de la scène improvisée, puis, mordu par la scène et piqué par l’écriture, je continuais à chanter dans les théâtres où la fascination du plateau m’attira définitivement m’offrant tous les outils pour créer, raconter, expurger, voyager, mettre en scène et surtout partager. Chaque fois je croisais ou côtoyais des gens passionnés par leur travail et qui pour moi furent des maîtres : Paul Grimault, Jacques Higelin, Philippe Hottier, Robert Doisneau, autant de gens tellement convaincus par leur art qu’ils éclairèrent mes chemins affamés de création.

En murissant, je me suis posé à la croisée de ces chemins et  cherchant les coïncidences et les complémentarités de ces expériences j’ai cherché et cherche encore pour chaque nouvelle création à conserver ce que ces formes artistiques ont d’unique en forme, en impact et en rémanence.

Evgueni Schwartz est un auteur qui m’a tout de suite attiré aussi bien dans la forme de langage employée que dans le choix et le caractère des personnages qu’il a mis en scène pour servir son propos.

Souvent interdit par la censure stalinienne, la simplicité du propos et la naïveté apparente des situations écrites par Evgueni Schwartz cachent quelque chose de plus profond qu’il me plait d’aller chercher.

Philippe Hottier, ancien comédien du Théâtre du Soleil, fut mon professeur de théâtre. Notre travail déclencha en moi ce qui occupa une grande partie de ma vie : « les Nonnes Troppo » et « les VRP », deux groupes de musique extrêmement théâtralisés. Une coïncidence symbolique veut que ce même Philippe Hottier tint le rôle du Bourgmestre dans Le Dragon mis en scène par Christophe Rauck au Théâtre du Peuple en 2003.

Le plaisir est donc entier : Marcher sur les plates-bandes de mon professeur de théâtre, et utiliser mon expérience multidisciplinaire pour créer une pièce aux sujets brûlant d’actualité.

« Comme une vaste chambre d’enfant surveillée par une autorité impalpable et changeante»

e cheminement jusqu’au « Dragon » passe pour moi par l’envie très forte de « jouer à jouer » et traiter l’univers inventé par Schwartz comme une vaste chambre d’enfants dont les occupants sont pris à leur propre jeu, pour dénoncer un sujet très adulte : l’abus du pouvoir et les méandres pour y parvenir.

Dans cette chambre désordonnée, les enfants entourés de poupées, de jouets, d’animaux en peluche, toutes proportions confondues, forment un village hétéroclite et hiérarchisé.  Le capharnaüm semble s’organiser autour de cette société de petits hommes prêts à tout pour défendre leur rôle.

Un mystérieux dragon – figure de l’adulte perverti par le pouvoir –  règne en maître sur cette population résolue à satisfaire ses désirs contre un semblant de tranquillité. La perversité du Dragon prend toute sa puissance au fil de l’histoire empruntant des formes physiques et mentales tantôt naïves et tantôt brutales ; tantôt résolument concrètes ou parfois insidieusement abstraites.

Elsa, une jeune fille destinée comme tant d’autres avant elle à être livrée au dragon, prend vie sous la forme d’une poupée à taille humaine. Manipulée à vue, elle représente sous cette forme la femme, objet de tractations que l’on se passe de main en main ; cependant, en retrait derrière cette femme-objet, la comédienne lui prêtant vie ne sera pas effacée pour autant et donnera naissance à la seconde nature d’Elsa : Elsa la combattante, Elsa l’amoureuse de la vie.

Vingt-trois personnages à mettre en scène pourrait sembler une difficulté insurmontable quand on ne prévoit que six comédiens pour les incarner ; mais y a-t-il un seul enfant à qui cela ferait peur ? En réunissant comédiens et marionnettistes, tous potentiellement manipulateurs, sachant que tout le monde restera en scène même quand il est « hors-jeu », je multiplie les possibilités de prêter vie à cette multitude de personnages. En combinant les multiples techniques de marionnettes alliées à la projection vidéo, autant d’échelles visuelles qui permettront au spectateur de passer d’une scène comme d’une « dimension » à une autre. La peur, le fantasme, l’absurde pourront alors être perçus à des degrés différents.

Texte
d’Evguéni Schwartz

Mise en scène
Néry Catineau

Interprétation
Clotilde Daniault
Alexis Clerget
Bernard Brunel
Nelson-Rafaell Madel
Paul Nguyen
Esther Sironneau

Scénographie
Néry Catineau

Costumes
Christophe Marjolet
Nathalie Causse

Collaboration artistique
Nelson-Rafaell Madel
Paul Nguyen

Images
Christophe Marjolet

Marionnettes
Christophe Marjolet, Nathalie Causse